Il fera longtemps clair ce soir
Elise Toïdé
First edition of 300 copies
17,5 X 24 cm
Couverture souple avec rabats
108 pages
74 photographies
ISBN: 978-2-490740-02
22 euros
Cette fille a un grain. Pas Anna de Noailles, dont le poème* donne son nom à ce travail, mais Élise Toïdé, photographe avec tréma. Ce grain est celui d’un argentique 24x36 avec lequel elle a “tenté d’épuiser” le parc Jean-Moulin-Les Guilands. Elle s’y est promenée, avec dans son sac une pellicule ou deux pour charger son boîtier. Ce Canon 500 est son premier appareil. Elle aime qu’il ne soit pas précieux. La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit, Élise en capture des fragments, intensifie un endroit quotidien, l’éloigne de son ordinaire.
Ce qu’elle cherche dans cet espace où de lointains roulements arrivent de la ville, c’est une représentation incomplète, qui laisse l’imagination gambader. Que ce lieu soit le sien, mais qu’il continue de lui échapper.
“Les images doivent rester comme des fantômes, des impressions. Je vois des formes vides de sens qui peu à peu prennent vie. À force d’y retourner, elles commencent à m’appartenir. Ces formes s’imbriquent avec le temps, se transforment et se déforment. En venant régulièrement, j’installe une répétition, je crée une histoire sans fin, un éternel recommencement, comme celui du quotidien. La recherche et le parcours qui diffèrent en fonction des jours font partie du processus et importent autant que les images. J’aime tourner autour sans avoir envie de trouver, laisser venir et voir.”
Depuis 2013, début de cette série, l’horizon a changé. Rénovées, les façades blanches des tours en contrebas du quartier de la Noue sont devenues ocre derrière cette route si simple
et si souvent suivie. Élise s’absorbe “à connaître peu à peu un territoire et à en capturer les émotions éphémères,
à la manière d’un portrait”. Cela imprime ses prises de vues frontales d’un “naturalisme poétique”. Deux mots que François Mauriac utilisait pour décrire les vers d’Anna de Noailles, ces “cris admirables d’une pythie sur un trépied” qui, en 1901, goûtait les ombres et guettait les carpes du parc Monceau. Monceau, Montreuil. Un siècle et une décennie. Un déplacement est-ouest dans Paris pour réunir les éblouissements de deux femmes qui retiennent les paysages où elles ont leurs habitudes. Et pourtant quelque chose est changé dans la vie.
* Il fera longtemps clair ce soir, dans le recueil Le Cœur innombrable, dont les vers sont en italique.
" Her images immortalize small details which otherwise would have been unnoticed, like in paintings. Indeed, Elise's passion for drawing with charcoals gave birth to the contrasts and grains of her photography, while the graphic shapes are rooted in her studies of architecture.
As an artist, she is completely plunged into reality, she is not interested in building a parallel imaginary world through her pictures, yet a part of her is floating, as it was not belonging to this universe and right for this reason it owns the possibility of portraying it. This attraction for emptiness, which conceptually reminds of Edward Hopper's art, may be liked to her childhood spent in the open landscapes of South of France." - Cecilia Muscemi, Le Paradox